Paraclet

NOUVEAU


Deux mots grecs signifient la nouveauté: kainos désigne ce qui n’a encore jamais  servi - tandis que neos dit ce quiapporte une nouveauté par rapport au passé,ce qui innove, ce qui est récent et non pas  ancien ou utilisé depuis longtemps. Un troisième mot grec , palaios, vieux, est parfois associé à ces idées de nouveauté; il englobe alors une totalité: les deux alliances, les deux testaments, les commandements anciens et le commandement nouveau..

La Bible emploie fréquemment l’expression “de nouveau”.Celle-ci  ajoute l’idée de répétition, d’actualisation, de passage à l’acte. Dieu parle au jeune Samuel trois fois de suite: Jésus ressuscité se manifesta de nouveau à ses disciples...

La Bible présente Dieu comme ami de la nouveauté, créateur  impénitent. Ayant, jadis, lancé la création, il annonce qu’il va créer “des cieux nouveaux et une terre nouvelle” (Apoc 21.1).

Au temps de Moïse, Dieu a fait alliance avec le peuple qu’il avait libéré de l’esclavage. Quelques siècles plus tard, des prophètes comme Jérémie ou Ezéchiel disent que le Seigneur va bientôt conclure “une alliance nouvelle”(kainè) . “Elle ne sera pas comme celle que j’avais conclue avec leurs ancêtres...J’inscrirai mes instructions non plus sur des tablettes de pierre, mais dans leur conscience; je les graverai dans leur coeur; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple...Je pardonnerai leurs torts , je ne me souviendrai plus de leurs fautes”. (Jer. 31.31-34) “Je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’enlèverai votre coeur insensible comme une pierre et je le remplacerai par un coeur réceptif. Je mettrai en vous mon Esprit, je vous rendrai ainsi capables d’obéir à mes lois.”. (Ez 36.26-27)- Encore quelques siècles et Jésus évoque solennellement ce renouvellement plénier de l’alliance en disant sur  la dernière coupe de son dernier repas: “Cette coupe est l’alliance nouvelle en mon sang, qui est répandu pour vous”. (Lc 22.20 & 1 Cor 11.25)

Les perspectives premières de Dieu demeurent: “Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple”. L’objectif de Dieu n’est pas aboli, il entre plus profondément dans la réalité, autrement dit dans le coeur et l’esprit de l’être humain. Jésus fait communier les disciples à sa  relation permanente avec le Père. Il leur demande de revivre cette communion, “en mémoire de lui”, chaque fois qu’ils boiront à la coupe eucharistique et partageront le pain consacré par l’Esprit.

Les prophètes avaient annoncé un renouvellement; Jésus le réalise. Dans la nouvelle alliance, les péchés sont vraiment pardonnés, parce que le coeur n’est pas seulement purifié, il est transformé. Chaque disciple doit assumer personnellement sa responsabilité, celle-ci n’est pas noyée dans la responsabilité collective. La communion fraternelle n’est pas limitée aux membres de la communauté, elle doit concerner toute personne puisqu’il “n’y a qu’un seul Dieu et Père de tous”. Un commandement nouveau vient englober et dynamiser les dix commandements sans aucunement les abolir. Il ne s’agit plus seulement “d’aimer son prochain comme soi-même”, mais “d’aimer comme le Christ a aimé” (Jn 13,34) 

Bref, et l’être humain et les institutions religieuses bénéficient d’un renouvellement permanent dès qu’ils se laissent conduire par l’Esprit de Dieu. “Il vous faut tous naître de nouveau”, explique Jésus à Nicodème.”Voilà ce qui se passe pour quiconque naît de l’Esprit de Dieu”. (Jean 3.7-8).

Et Paul peut généraliser: Le Christ est l’homme véritablement nouveau. “Dès que quelqu'un est uni au Christ, il est un être nouveau: ce qui est ancien a disparu, ce qui est nouveau est là”. (2 Cor 5.17) ”Même si notre être physique se détruit peu à peu, notre être spirituel se renouvelle de jour en jour”.(2 Cor 4.16). Le Christ “a abattu le mur qui séparait juifs et non-juifs et en faisait des ennemis. Il a établi la paix en faisant des uns et des autres un seul peuple nouveau dans l'union avec lui”. (Eph 2.14-15). “Vous devez donc, en renonçant à votre conduite passée, vous débarrasser de votre vieille nature que ses désirs trompeurs mènent à la ruine.. Il faut vous laisser complètement renouveler dans votre coeur et votre esprit.. Revêtez-vous de la nouvelle nature, créée à la ressemblance de Dieu et qui se manifeste dans la vie juste et sainte qu'inspire la vérité” (Eph 4.22-24)

Telle est la vision nouvelle proposée par le Christ: un esprit tellement neuf qu’il fera craquer tout ce qui refuse de changer: “Pour le vin nouveau, il faut des outres neuves!”.(Marc 2.22)Le Christ innove en renouvelant. Il laisse tomber ce qui pourrait faire obstacle  à la renaissance intérieure, dans les prescriptions comme dans le culte. “Les gens furent si étonnés qu’ils se demandèrent les uns aux autres:”qu’est-ce que cela? Un nouvel enseignement donné avec autorité!”(Marc 1.27)

L’Esprit saint est l’acteur central de ces nouveautés.: “il souffle où il veut...Tu ne sais pas d’où il vient ni où il va” (Jean 3.8).

L’imprévisible et l’inattendu dépassent désormais tout ce que l’être humain peut imaginer ou espérer. En un mot: tout doit rajeunir. Priorité à l’Esprit !








“Le nouveau se cache dans l’ancien et, dans le nouveau, l’ancien  se dévoile” (St Augustin)

En Jésus, Dieu est dévoilé tout en demeurant caché, visible au coeur et invisible aux yeux.

En voilà une bonne Nouvelle  toujours neuve pour celui qui l’écoute et la met à jour, à son jour qui est jour de Dieu.


PARACLET


Parmi les milliers de lignes qui constituent la Bible, le mot Paraclet figure seulement cinq fois-   quatre fois dans l’évangile de Jean: là il concerne l’Esprit Saint  - et une fois dans la première lettre de Jean: là il concerne Jésus.

Et faites bien attention: vous ne lirez ce mot que dans les tradutions de la TOB ou de la Bible de Jérusalem. La plupart des traducteurs ont préféré  des mots différents. Je les cite parce qu’ils nous font pressentir le sens de ce terme inhabituel: avocat, consolateur, défenseur, réconfort, celui qui comforte, celui doit nous aider.


1.  Selon Jean, Jésus fut notre premier défenseur. Expérimentant l’existence humaine, il sut répondre à nos attentes de clarté sur le sens de la vie, de guérison, de proximité et de compréhension. Il prépara ses disciples au choc représenté par sa mort et son entrée dans une vie nouvelle, définitive mais invisible. “Il vous est bon que je m’en aille....Je vous ai dit ces choses  tandis que je demeurais auprès de vous...” (Jn14.25). Désormais vivant auprès du Père, il continue son rôle d’avocat: “Si quelqu’un vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père, Jésus-Christ, qui est juste...”(1 Jn 2.1) dit Jean. La lettre aux Hébreux présente le Christ céleste comme  “capable de sauver de façon définitive ceux qui par lui s'avancent vers Dieu, car il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur”  (Heb 7.25).


2. Toujours selon Jean, Jésus n’a pas voulu laisser ses disciples sans le soutien qu’il assurait  : “Je ne vous laisserai pas orphelins” (Jn 14.18) “Le Père vous donnera un autre Paraclet”  L’Esprit saint est devenu l’autre défenseur de ceux qui aiment le Christ. Avec une proximité encore plus grande car il demeure en nous, il nous est plus intime que le Christ. Et de façon permanente chez tous les croyants.Il assure la communion avec Dieu sans limitation de temps, jusqu’à la fin des temps.: “Le Paraclet restera avec vous pour toujours” (Jn14.16)..


3. L’Esprit Paraclet  travaille  au coeur des disciples .

• Il enseigne toutes choses. Il fait comprendre et assimiler ce que Jésus a dit, ce que les Prophètes ont voulu dire. Prenant le relais du Christ, il devient notre second enseignant. Sans rien ajouter de nouveau  à ce que Jésus a révélé de la part du Père, il puise dans ce trésor pour le mettre à notre portée. Le Paraclet, peut-on dire, c’est le Christ s’adressant à nous maintenant, comme en direct.

• Il rappelle au moment opportun telle ou telle parole de Dieu capable de répondre à nos interrogations, à nos inquiétudes.Ravivant notre mémoire,  Il nous guide sur le chemin qui conduit à la Vérité tout entière. (Jn 14.26)

• Il nous rend capables de porter témoignage (Jn 15.26). Lorsque l’Esprit s’est emparé d’eux, à partir de la Pentecôte, les apôtres ont commencé à  témoigner de ce qu’ils avaient vécu avec Jésus. Le Paraclet continue cette pentecôte: il initie les chrétiens à une relation spirituelle très personnelle avec le Christ. Il les aide à ne pas la garder secrètement dans leur conscience. Grâce à l’Esprit, cette expérience chrétienne rayonne, transparaît dans leurs actes. Grâce à l’Esprit, les chrétiens osent rendre compte, en paroles, de leurs choix religieux sur le sens de la vie et sur l’Espérance qui fonde leurs convictions.

4  L’Esprit Paraclet  travaille au coeur des Multitudes humaines. Nombreux sont en effet ceux et celles pour lesquels Jésus n’est pas connu, peu apprécié, voire critiqué.  Il en fut ainsi au temps de Jésus, il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps. Le Paraclet  intervient dans les consciences individuelles et au niveau des opinions publiques. Prenant la défense de Jésus,  il montre que le principal péché du monde consiste à ne pas accorder foi à Jésus. Il fait comprendre que Jésus a vécu de la façon la plus sainte qui soit et que sa condamnation et sa crucifixion  furent profondément injustes. Le Paraclet réhabilite ainsi Jésus. Il suscite une grande audace chez les croyants en les aidant à comprendre que la domination du Mal n’est jamais définitive. Jésus a vaincu les mensonges par la Vérité de ses paroles, il a vaincu la mort par sa résurrection, il terrassera la haine en faisant triompher l’Amour : autant de certitudes déjà présentes dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus et qui finiront par devenir évidentes grâce au Paraclet, le défenseur du Christ et le réconfort des disciples.

Ce superbe enseignement sur l’Esprit Paraclet tient  en quatre paragraphes de la littérature johannique. N’hésitez pas à les méditer, tout particulièrement dans l’Evangile de Jean 14, verset 16 et verset 26, chapitre 15 verset 26 et chapitre 16 verset 7. Ce qui permet à Jésus de dire: “Il vous est bon que je m’en aille car, si je pars, je vous enverrai le Paraclet” (Jn 16.7)  (4769)

 




Le  PARDON

Vous avez probablement entendu parler du Yom Kippour: grande fête  annuelle du Judaïsme  pour la purification des péchés et l’obtention du pardon. Kipper signifie “couvrir”, recouvrir: Dieu  ne tient plus compte des péchés réellement commis:  ils considère les pécheurs comme des personnes purifiées dont les péchés ont été expulsés, chassés au loin. Un autre  mot hébreu souligne que les péchés sont alors  enlevés, supprimés.

En grec, pardonner signifie: délier, laisser aller, redonner la liberté.

Ces nuances nous aident à mieux comprendre la réalité du pardon.

Mettons-nous du côté de celui qui pardonne. Il n’oublie pas, il ne perd pas la mémoire, il ne fait pas comme s’il n’avait rien vu. Il décide de ne plus tenir compte du mal qu’il a subi, de l’offense qui lui a été faite. Pardonner, c’est déchirer une facture, ne plus en demander le remboursement refuser d’exiger une contrepartie pour l’offense subie.

Le “Notre Père” , en Matthieu, dit l’essentiel : “Père, remets-nous nos dettes comme nous remettons nous-mêmes à ceux qui nous doivent”.

Dans la Bible, demander pardon va beaucoup plus loin que notre formule conventionnelle: ”Pardonnez-moi”.

Il demande vraiment  pardon  celui qui commence par identifier  le mal qu’il a fait qui l reconnaît intérieurement sa faute: il regrette d’avoir offensé quelqu’un; il entre donc en relation avec l’offensé  et, loyalement,  reconnaît devant lui avoir eu tort en paroles ou en actions; puis, humblement, sans rien exiger, sollicite le pardon que l’offensé va peut-être lui donner..

Il accorde  un vrai pardon l’offensé qui dit à son offenseur::” je sais que tu m’as offensé, que tu as contracté une dette envers moi. Mais je consens librement à te pardonner. Je te délie, je te laisse aller, je n’en tiendrai plus compte. Va en paix. Et demeurons amis.”


Le mot pardon  évoque donc une restauration gratuite de relation de la part de l’offensé: il suppose que  l’offenseur évolue intérieurement  en se reconnaissant coupable, en l’avouant et en prenant conscience qu’il n’a pas un droit absolu au pardon. Imaginez d’ailleurs que l’offensé refuse de pardonner: ce refus blesse celui qui demandait pardon et il relance le cycle infernal de l’offense: chacun est maintenant coupable. Combien de temps  et combien d’efforts de médiations faudra-t-il pour que la réconciliation vienne rétablir la relation ? Tant de choses ont été cassées, gâchées !

En vérité, et beaucoup de faits en donnent la preuve:  le pardon accordé brise l’explosion du mal. Il ouvre la route à la paix et aux réconciliations.


Aussi Dieu, qui cherche toujours à construire ou reconstruire l’alliance, se présente-t-il dans la Bible comme celui qui ne laisse passer aucune faute mais qui pardonne  toujours à celui qui revient vers lui, en se retournant intérieurement dans une conversion.

Jésus, comme dernière volonté, demande au Père de pardonner à ceux qui le mettent à mort: “...car ils ne savent pas ce qu’ils font” Et il avait déjà répondu à Pierre: “Si ton frère a péché, reprends-le; s’il change radicalement, pardonne-lui! Et s’il pèche contre toi sept fois par jour, et que sept fois il revienne à toi, en disant:”Je vais changer radicalement”, tu lui pardonneras” (Luc 17.4)

Pardonner demeure souvent au-dessus de nos forces. C’est tellement contraire aux principes couramment affirmés.

Seul l’Esprit de Dieu peut susciter en nous trois attitudes révolutionnaires:

- le courage de nous reconnaître pécheurs, envers Dieu, envers nos proches, chaque jour.

- la force de pardonner à ceux qui nous offensent, en nous adressant directement à eux et non pas à des intermédiaires dans le plus grand secret, ce qui prive de son effet le pardon.. Et même, encore plus révolutionnaire, mais c’est ce que Jésus a fait sur la croix, offrir le pardon afin de  désamorcer les plus violentes tensions apparemment impossibles à éteindre.

- et enfin, avec nos frères et soeurs chrétiens, demander ensemble, le pardon du Seigneur et le remercier pour tous les pardons qu’il nous donne, et devenir, dans le monde, les témoins de la puissance du pardon.

Le monde a immensément besoin de pardon. Il sait  parfaitement déclancher la guerre. Il n’écoute pas assez la voix du Christ pour avoir le courage de faire la paix et de guérir les plaies en allant jusqu’au pardon.