Corinthiens, seconde lettre
CORINTHIENS, seconde lettre
La vraie sagesse ne réside pas forcément chez ceux qu'on appelle des sages.
La vraie puissance ne réside pas forcément chez ceux que tout le monde appelle des puissants.
Paul restructure l'idée que nous nous faisons de la sagesse et de la puissance:. Il le fait selon son adhésion de Foi, toujours à partir de Jésus-Christ.
Jésus fut un homme SAGE, rempli de la Sagesse qui vient de Dieu: en enseignant la vraie Sagesse qui fait Vivre, et non pas les folies d'une fausse liberté, d'une frénésie de consommation, d'un intérêt pour les fausses valeurs qui s'écroulent un jour ou l'autre.
Il fut un homme PUISSANT en réalisant des actes forts et bénéfiques pour beaucoup. Il aide encore des multitudes de personnes à devenir fortes et courageuses devant les épreuves. qui devraient les faire s'écrouler.
Paul trouve ici des expressions justes, des comparaisons parlantes, en parlant de nos fausses sagesses humaines - ou de nos mauvaises puissances.
Il nous invite à opérer un discernement en répondant à ces questions: à mes yeux, qu'est-ce que la sagesse et la puissance ?
Est-ce bien ainsi que le Christ a fait preuve de sagesse et de puissance?
Qu'est-ce que je choisis au terme de ce discernement?
Paul vient de justifier ses choix pastoraux devant certains Corinthiens qui ont émis des critiques à son égard.
A cette occasion, il a ouvert son cœur, avec flamme et sincérité.
Il espère être désormais mieux connu ...et reconnu de ses frères.
* Il réaffirme ce qui le motive: l'amour pour le Christ et rien d'autre.
Bouleversé par le Christ qui a tout donné pour sortir les humains de leur connivence avec le mal, Paul consacre son temps à faire connaître le Seigneur pour aider ceux qui croient en Lui à devenir eux-mêmes des vivants, pleinement renouvelés.
* Selon Paul, la mort et la résurrection du Christ
demeurent l'événement dominant l'histoire humaine.
Touchés par cet Amour affrontant le mal qui blesse ou tue les humains, les frères chrétiens reçoivent le désir et le courage de "convertir" leur façon de penser,
de vivre, d'aimer, de servir: un retournement à 180 degrés,
Ils peuvent se laisser réconcilier avec Dieu.
* Fort de cette expérience, chaque chrétien devrait se considérer comme un ambassadeur envoyé à ses proches
pour les inviter à faire la même expérience
- se laisser réconcilier avec Dieu et avec les autres,
- vivre en paix avec Dieu et les autres,
- collaborer aux réconciliations actuellement indispensables entre les groupes humains, les peuples, les générations.
Aucun chrétien ne devrait garder pour lui seul, égoïstement, le bonheur de vivre en réconcilié et réconciliateur.
Se replier sur soi constitue la preuve qu'on n'a pas encore fait l'expérience chrétienne de réconciliation grâce à l'amour envers le Christ.
Tel est le cœur du Message que Paul propose aux Corinthiens...
et à tous les chrétiens.
Pourquoi Jésus a-t-il vécu, enseigné, traversé la mort ? Pour réconcilier les humains avec le Père de tous les humains.
Pour leur faire retrouver le chemin dont ils se détournent tellement vite. Pour transformer leur conscience et métamorphoser leurs mentalités et leurs comportements. Dieu, Lui, demeure fidèle à son Alliance. Il ne change pas. Il n'a pas besoin d'être réconcilié avec l'Humanité.
*
La grande mission des Envoyés du Christ ? C'est d'annoncer que la réconciliation est possible, indispensable, mais que chaque croyant doit accepter d'entrer dans un monde réconcilié.
Aucun rituel ne fait oeuvre automatique de réconciliation.
Chacun doit prendre conscience du besoin qu'il a d'être réconcilié, et avec Dieu, et avec un certain nombre de personnes ou de réalités.
Après cette prise de conscience, chacun doit s'ouvrir à l'hypothèse des réconciliations à vivre.
Et passer de l'hypothèse aux actes concrets de réconciliation.
Paul rappelle aux Corinthiens - et à tous les chrétiens- que le Christ nous assiste et que l'Esprit nous donne la force intérieure pour entrer dans un monde réconcilié. Sans leur aide, nous ne le pourrions probablement pas .
.
"C'est le moment d'accepter.
Voici le jour du salut".
*
Sommes-nous, chacun pour notre part, des ambassadeurs de réconciliation, ou des freins et des contre-témoins retardant les réconciliations?
Cette question demeure. Elle est gravissime.
Richesses et pauvretés.
Paul tient compte des multiples sens que recouvrent les mots richesses et pauvretés.
Ceci lui permet d'inviter chacun
à la générosité dans la mise en commun
des richesses
pour faire reculer les pauvretés.
***
Nous sommes tous riches sur certains points
et pauvres sur d'autres.
En prendre conscience,
c'est faire le premier pas
dans une réflexion juste et ouverte.
Richesses et pauvretés marquent également les groupes humains, les institutions sociales ou politiques, les catholiques et leurs institutions, paroisses, ou diocèses, sans oublier l'ensemble des Eglises chrétiennes.
Plus encore qu'au temps de Paul,
camoufler ses égoïsmes ou ses pauvretés
est devenu impossible dans notre société
qui adore dévoiler les scandales, particulièrement ceux qu'on a voulu cacher.
L'audience dont bénéficie ce qui est dramatique ou mauvais témoigne d'une
indéniable propension
à s'intéresser prioritairement à ce qui va mal,
et aux personnes déviantes, perturbées, commettant des actions que l'immense majorité réprouve, comme, par exemple, assassiner des enfants, des femmes enceintes, des personnes âgées, ou tout simplement des gens qui se trouvent là au moment où on a décidé d'assassiner, soi-disant pour motif religieux,
en réalité pour faire régner la terreur
et en profiter pour prendre le pouvoir
et l'exeercer de façon totalitaire.
Cette façon d'informer et privilégiant systématiquement ce qui est déviant - puisque les mauvaises nouvelles se vendent mieux que les bonnes,- ou porduisent de meilleurs taux d'audience et d'audimat -
cette façon d'informer perturbe le moral des "gens", produit la sinistrose, et amène un certain nombre de personnes à fuir leur propre responsabilité.
On juge les autres, on condamne sans appel...ou sans savoir. Les autres ont tort...et moi je répands sur les réseaux sociaux mes jugements négatifs contre les autres.
Résultat: les autres - et particulièrement ceux qui exercent une responsabilité- ayant gravement tort, je peux me dispenser d'examiner ma propre responabilité.
Je suis meilleur que...les plus mauvais.
Ainsi s'affadissent personnes, institutions et sociétés.
Voulons-nous un bon remède ?
Tenons les yeux fixés
- sur le sens de la Vérité dont Jésus a fait preuve
- sur la générosité du Créateur, dont le cœur est celui d'un Père et non pas d'un dominateur totalitaire
- sur l'action de l'Esprit qui passe son temps à régénérer et non pas à détruire
- et sur la générosité de ceux et celles qui se mettent au service des pauvres pour les aider à vaincre leurs pauvretés - matérielles ou spirituelles - et au service des riches pour les aider à garder leur liberté de donner et de recevoir.
Paul révèle un élément important de sa psychologie. Il a conscience de vivre en profonde communion avec Dieu, avec le Christ: il ose en parler parce que ses détracteurs l'y obligent.
Il s'exprime sans se vanter de ce qu'il considère comme une grâce exceptionnelle.
Il multiplie les précautions littéraires pour que ses correspondants ne le prennent pas pour un saint ou pour un mystique exceptionnel.
Et, pour couper court à tout culte de la personnalité, il révèle cette "écharde" dont il souffre (qui l'humilie?) mais que Dieu ne juge pas utile de le délivrer.
Ceci lui permet de se "vanter de ses faiblesses"
et d'affirmer que la puissance de Dieu se manifeste dans les faiblesses des croyants.
Tout ce qu'écrit Paul ici est d'une grande vérité et d'un équilibre spirituel au-dessus de tout soupçon. *
Nous pouvons en tirer quelque enseignement sur l'humilité.
L'humilité n'a rien à voir avec le manque d'assurance. L'assurance n'a rien à voir avec l'orgueil ou la prétention.
Humilité évoque l'humus, comme adam, l'humain, évoque la adamah, la poussière, la glèbe que Yhwh Elohim pétrit avec le l'eau pour structurer le "glébeux"
avant d'insuffler en ses narines une haleine de vie. Rien d'humiliant dans ces expressions !
Tout au contraire.
Pourquoi donc mépriser ceux et celles qui sont réplique d'Elohim, icones de Dieu ?
Paul ne se méprise nullement.
Il observe, il décrit, en rappelant toujours qu'il s'agit d'un cadeau.
Mais ce cadeau est exceptionnel
et assorti d'un revers, la fameuse écharde sur laquelle on beaucoup épilogué sans parvenir à une certitude absolue.
Paul a prié Dieu de l'en débarrasser. En vain.
La véritable humilité chante la grandeur de l'humain et constate ses limites.
La fausse humilité répète les limites
- sans y croire, d'ailleurs, car elle sait qu'elle ment.
La fausse humilité ne mentionne pas ses qualités - alors qu'elle en a conscience et s'en nourrit intérieurement - tout en faisant semblant de ne pas les connaître, car elle ment. Il s'agit bien de "fausse humilité", fake news !
Soyons vrais ! Donnons un bon coup de projecteur sur nos vraies qualités et nos limites authentiques !
La vérité nous rendra libres.
L'humilité nous comblera de joie intérieure.
Paul s'efforce de conclure. Plusieurs passages de sa lettre mentionnent son désaccord avec les dires et les actes de certains chrétiens de Corinthe. Il n'a pas caché la tension qui agite la communauté.
Il prend donc de la hauteur en évoquant l'une de ses grandes convictions: quiconque regarde l'existence terrestre de Jésus observe des heures où il a consenti à paraître faible pour éviter de blesser ou d'écraser ses contradicteurs.
Paul s'inspire délibérément de ce comportement qu'il estime juste selon Dieu. Certes, il a reçu l'autorité d'un Envoyé du Seigneur, mais uniquement pour édifier, construire, et non pas pour détruire ou blesser des personnes et leur communauté.
*
Les dernières lignes sont pleines d'encouragement: elles parlent de joie, de paix, d'accord, d'amour, d'affection.
Et Paul termine sa correspondance par cette formule trinitaire que nos célébrations reprennent:
"La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'Amour de Dieu
et la Communion du St Esprit
(soient) avec vous tous".